Le samedi 22 septembre à 11 heures sera commémorée à la citadelle de Lille l’exécution de 25 otages par les nazis les 15 et 26 septembre 1941.
Qui étaient ces hommes fusillés il y a déjà 71 ans ?
Pourquoi a-t-il fallu 60 ans pour qu’une plaque commémorative leur rende hommage à la Citadelle de Lille?
Pourquoi l’histoire officielle en parle si peux, voire pas du tout ?
Ils étaient ouvriers, 22 mineurs, 2 cheminots et un métallurgiste.
Leurs crimes ?
Ils étaient communistes, ils étaient résistants. La plupart d’entre eux avaient participé à la grande grève qui a paralysé le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais du 28 mai au 10 juin 1941.
Le plus important mouvement revendicatif et de résistance collective à l’occupation : 100 000 mineurs en grève, d’après les compagnies minières. Ils réclament du pain, des pommes de terre et du savon. Leur grève fût un coup dur pour le pillage organisé par l’occupant. Grâce à la solidarité entre mineurs français et immigrés, grâce aux manifestations des femmes , ils tiendront 2 semaines.
Mais l‘occupant nazi a absolument besoin du charbon français pour son industrie de guerre. Il prépare l’invasion de l’URSS, et a perdu 500 000 tonnes de charbon. C’est pourquoi il enverra l’armée allemande pour remplacer la police de Vichy et réprimer durement les grévistes :
- plus de 500 arrestations, hommes et femmes confondus
- 244 mineurs déportés (le premier train de résistants déportés vers l’Allemagne, après un passage par la citadelle belge de Huy). Berthe Warret et Emilienne Mopty seront décapitées en Allemagne.
Le 26 août 1941, c’est le premier acte de résistance armée à Lille. Les résistants communistes René Denys, Eusébio Ferrari et Gilberte Renard abattent trois officiers Allemands.
C’est en représailles de cet acte que le Préfet Carles fournira aux autorités d’occupation nazies une liste de 70 communistes du Nord. 50 seront arrêtés. Ils rejoindront les autres détenus dans les prisons du Nord et le centre d’otages de la caserne Négrier à Lille.
25 seront fusillés à la Citadelle de Lille. C’est une décision des autorités nazies. 5 d’entre eux se suicideront pour « ne livrer à l’ennemi que leur cadavre ».
Honorer aujourd’hui la mémoire de ces combattants de la liberté et de l’humanité, c’est bien sûr leur rendre hommage à la Citadelle de Lille ce samedi 22 septembre.
C’est aussi défendre le projet de société pour lequel ils ont donné leur vie. Ce projet s’est traduit à la Libération par le programme du Conseil National de la Résistance mis en œuvre dès septembre 1944 : sécurité sociale, nationalisations, services publics, congés payés et législation du travail, retraites, la presse libérée de la puissance de l’argent…
En mémoire de ces combattants d’hier, poursuivons leurs combats aujourd’hui, en luttant notamment pour de grands projets industriels permettant la renaissance économique et sociale de notre région Nord-Pas de Calais.
Pour en savoir plus :
Programme du CNR
Livres disponibles en prêt gratuit à la médiathèque de Roubaix :
Amis entends-tu ? (Jacques Estager)
Nous sommes restés des hommes (Jean-Marie Fossier / Pierre Outteryck)
Le Nord Pas-de-Calais dans la main allemande
Sur commande, plusieurs livres sur les figures de la résistance dans le Nord (Fossier, Desreumaux, Hentgès, la grève de 1941, le réseau Sylvestre Farmer..)
Merci à Pierre Charret pour sa disponibilité et son engagement qui ont permis la publication de cet article.