Archives mensuelles : août 2014

Israël-Palestine : un citoyen de Wattrelos demande au député Dominique Baert, action, courage et prise de responsabilités

Wattrelos le 28 août 2014

Jean Pierre TONDER
59150 WATTRELOS

 

Monsieur Dominique BAERT
Député du Nord
Hôtel de Ville de Wattrelos

Monsieur le Député,
Durant des semaines la population palestinienne de la bande de Gaza a été pilonnée par l’armée israélienne (la 5 ème armée du monde). Le bilan est très lourd.

A ce jour 2.105 morts palestiniens dont 563 enfants, 269 femmes et 110 personnes âgées. 10.540 blessés lors de ces bombardements aveugles de l’armée d’occupation israélienne, dont 1.997 femmes, 434 personnes âgées et 3.190 enfants. Plus de 7840 raids israéliens en quarante-huit jours partout dans la bande de Gaza. Côté israélien, 64 soldats et quatre civils ont perdu la vie.
L’ampleur de cette intervention militaire est considérable (1*).

En France et partout dans le monde des citoyens épris de paix et de justice se sont mobilisés pour l’arrêt de ce massacre de civils et pour que le droit soit enfin respecté en Palestine, territoire occupé par l’Etat Israélien. Le courage du peuple palestinien et la mobilisation mondiale qui s’est réalisée autour d’eux ont permis le cessez-le-feu qui vient d’être signé.
Construire la paix dans cette région du monde c’est garantir la sécurité des deux peuples et contribuer à leur développement respectif. Seule la paix, le plus vite possible, permettra aux
jeunes générations de construire l’avenir.
Les faits sont têtus. Le gouvernement de droite d’Israël, soutenu par son extrême ne veut pas la paix.

Il occupe des territoires palestiniens, construit un mur de séparation en Cisjordanie, multiplie la construction de colonies, il rejette les résolutions de l’ONU qui le condamne depuis des décennies (2*), il emprisonne plus de 6.000 palestiniens dont 183 sans accusation ni jugements sous le coup d’une détention administrative. Plus de 700 enfants sont en prison pour avoir jetés des pierres. A ce jour 35 députés palestiniens et 3 anciens ministres sont emprisonnés.
Cette situation ne peut durer. Je partage totalement le point de vue de Michel Tubiana ancien président de la Ligue des droits de l’homme quand il déclare :
«Il faut que la communauté internationale prenne ses responsabilités car s’il est une chose qu’elle ne fait pas depuis maintenant des décennies dans cette affaire qui dure depuis
longtemps, c’est bien cela. À elle de prendre les mesures nécessaires pour que cet État respecte le droit international comme n’importe quel autre État. Si la communauté internationale se met d’accord, il ne sera pas très compliqué de régler ce conflit. Je vois mal qu’Israël puisse à lui seul décider de se rebeller contre la totalité de la communauté internationale. Le problème, aujourd’hui, c’est qu’Israël dispose d’un parrain absolu qui le couvre systématiquement, qui sont bien évidemment les États-Unis. Et puis, Israël dispose du soutien d’autres États pour des raisons diverses qui tiennent à l’histoire et aux rapports de forces d’aujourd’hui. Ils passent leur temps à tenir des discours et à ne pas les convertir en actes. Je pense à l’Union européenne qui ne cesse de payer la reconstruction des biens palestiniens que les Israéliens ne cessent de détruire. Il faudra bien que la communauté internationale, qui s’est donné les moyens de créer une Cour pénale internationale, apprenne que ne peuvent rester impunies les morts de femmes et d’enfants. Tirer sur des civils, quelle  que soit leur nationalité, est un crime de guerre passible en tant que tel de la Cour pénale internationale. »

Le poids de la France au sein de cette communauté est important comme au sein de l’ONU.

Hier sous les gouvernements de droite et aujourd’hui avec le PS au commande, la France parle mais n’agit pas pour que le droit l’emporte sur la force. Sans surprise les partis et élus de droite en France et de l’extrême droite se sont tus (à part Dominique de Villepin) durant ces 50 jours de bombardements sur Gaza. Les déclarations de François Hollande ont, quant à elles, été en retrait de celles de ces prédécesseurs à l’Elysée.

Monsieur le Député, je salue les quelques élus et militants socialistes français qui, à titre individuel, ont rendu public leur condamnation de l’intervention militaire israélienne. Par
contre je ne comprends pas que le député socialiste du Nord que vous êtes ne se soit pas joint à cette condamnation ni exprimé sur son blog durant cette période.

Comme vous l’ignorez peut être, l’archevêque émérite sud-africain Desmond Tutu, compagnon de lutte de Nelson Mandela vient d’appeler à un boycott mondial d’Israël et adresse au peuple israélien le plaidoyer :

« Libérez-vous en libérant la Palestine ». Il a appelé « les sœurs et frères israéliens présents à la conférence internationale des architectes qui se tenait en Afrique du Sud à se dissocier activement, ainsi que leur profession, de la conception et de la construction d’infrastructures visant à perpétuer l’injustice, notamment à travers le mur de séparation, les terminaux de sécurité, les points de contrôle et la construction de colonies construites en territoire palestinien occupé ». Il ajoutait « Le mois dernier, 17 gouvernements européens ont appelé leurs citoyens à ne plus entretenir de relations commerciales ni investir dans les colonies israéliennes illégales. Récemment, on a pu voir le fond de pension néerlandais PGGM retirer des dizaines de millions d’euros des banques israéliennes, la fondation Bill et Melinda Gates désinvestir de G4S, et l’église presbytérienne américaine se défaire d’un investissement d’environ 21 millions de dollars dans les entreprises HP, Motorola Solutions et Caterpillar. C’est un mouvement qui prend de l’ampleur.
Nous, Sud-Africains, connaissons la violence et la haine. Nous savons ce que cela signifie d’être les oubliés du monde, quand personne ne veut comprendre ou même écouter ce que nous exprimons. Mais nous savons aussi ce que le dialogue entre nos dirigeants a permis, quand des organisations qu’on accusait de « terroristes » furent à nouveau autorisées, et que
leurs meneurs, parmi lesquels Nelson Mandela, furent libérés de prison ou de l’exil. Bien sûr, le fait d’avoir eu des dirigeants extraordinaires nous a aidés. Mais ce qui au final a poussé ces dirigeants à se réunir autour de la table des négociations a été la panoplie de moyens efficaces et non-violents qui avaient été mis en œuvre pour isoler l’Afrique du Sud sur les plans économique, académique, culturel et psychologique. A un moment charnière, le gouvernement de l’époque avait fini par réaliser que préserver l’apartheid coûtait plus qu’il ne rapportait. L’embargo sur le commerce infligé dans les années 80 à l’Afrique du Sud par des multinationales engagées fut un facteur clé de la chute, sans effusion de sang, du régime d’apartheid. Ces entreprises avaient compris qu’en soutenant l’économie sud-africaine, elles contribuaient au maintien d’un statu quo injuste. »

« La raison pour laquelle ces outils – boycott, sanctions et retraits des investissements – se sont finalement avérés efficaces, est qu’ils bénéficiaient d’une masse critique de soutien,
aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Le même type de soutien envers la Palestine dont nous avons été témoins de par le monde durant ces dernières semaines ».

Monsieur le Député
L’heure est à l’action. La France doit exiger la levée totale du blocus de Gaza, l’arrêt immédiat des colonies, la suspension de l’accord Union Européenne/Israël, l’arrêt de toute coopération militaire avec Israël et l’embargo sur les armes, l’interdiction des investissements dans les colonies israéliennes, la libération de tous les prisonniers palestiniens parmi lesquels Marwan Barghouti.

La France doit être à la tête d’une campagne internationale afin que les résolutions de l’ONU soient appliquées en particulier la reconnaissance de l’Etat Palestinien dans ses frontières de 1967 avec Jérusalem comme capitale.

Il appartient aux députés de la République Française de prendre leurs responsabilités avec courage car il n’y a pas d’autres solutions pour construire la paix dans cette région du globe.
Monsieur le Député
Comme citoyen, parmi tant d’autres, animé par un esprit de justice et de paix, je prends mes responsabilités de manière publique. J’attends de votre part la même chose.
Dans l’attente de lire votre courrier en réponse à ma lettre et votre prochaine déclaration publique, recevez Monsieur le Député, mes cordiales salutations.

Jean Pierre TONDER
(1 *) Des quartiers effacés de la carte. 2.520 maisons détruites totalement et 5.790 maisons endommagées. Plus de 27.000 personnes sont sans-abri après la destruction de leurs maisons. 120 mosquées détruites et une église visée. 5 universités et 150 écoles publiques bombardées dont 25 détruites. 5 écoles de l’ONU visées et 5 hôpitaux bombardés. 29 centres médicaux bombardés. 120 usines détruites. 3 banques visées. 20 organisations et associations détruites. 30 postes de polices touchés et 50 bâtiments publics bombardés. La centrale électrique détruite totalement. 30 puits d’eau bombardés. 11 cimetières bombardés. Des routes et des terrains agricoles détruits. Des infrastructures civiles détruites. Les pertes économiques à Gaza dépasse 4 milliards d’euros
(2*) Les résolutions de l’ONU qu’Israël ne respecte pas : http://www.un.org/french/documents/scres.htm  Résolutions 228 – 242 – 252 – 298 – 338- 446 –
452 – 465 – 468 – 471- 476 -478 – 605 –

Rabbins pour la Palestine. Manif Montréal – Canada 11 juillet 2014

Desmond TUTU dans le journal israélien Haaretz : Libérez-vous en libérant la Palestine

Mon plaidoyer pour le peuple d’Israël: Libérez-vous en libérant la Palestine

L’archevêque émérite Desmond Tutu, dans un article exclusif pour le journal Haaretz, appelle à un boycott mondial d’Israël et demande aux Israéliens et aux Palestiniens de réfléchir au delà de leurs dirigeants à une solution durable à la crise en Terre Sainte.

Publié initialement sur http://www.haaretz.com/opinion/1.610687. Traduction par la communauté d’Avaaz

Les dernières semaines, des membres de la société civile du monde entier ont lancé des actions sans précédent contre les ripostes brutales et disproportionnées d’Israël au lancement de roquettes depuis la Palestine.

Si l’on fait la somme de tous les participants aux rassemblements du week-end dernier exigeant justice en Israël et en Paslestine – à Cape Town, Washington, New-York, New Delhi, Londres, Dublin et Sydney, et dans toutes les autres villes – cela représente sans aucun doute le plus important tollé de l’opinion citoyenne jamais vu dans l’histoire de l’humanité autour d’une seule cause.

Cape Town 17 07 2014

Cape Town 17 07 2014

Il y a un quart de siècle, j’ai participé à des manifestations contre l’apartheid qui avaient rassemblé beaucoup de monde. Je n’aurais jamais imaginé que nous assisterions de nouveau à des manifestations d’une telle ampleur, mais celle de samedi dernier à Cape Town fut au moins aussi importante. Les manifestants incluaient des gens jeunes et agés, musulmans, chrétiens, juifs, hindous, bouddhistes, agnostiques, athéistes, noirs, blancs, rouges et verts… C’est ce à quoi on pourrait s’attendre de la part d’une nation vibrante, tolérante et muticulturelle.

J’ai demandé à la foule de chanter avec moi : « Nous sommes opposés à l’injustice de l’occupation illégale de la Palestine. Nous sommes opposés aux assassinats à Gaza. Nous sommes opposés aux humiliations infligées aux Palestiniens aux points de contrôle et aux barrages routiers. Nous sommes opposés aux violences perpétrées par toutes les parties. Mais nous ne sommes pas opposés aux Juifs. »

Plus tôt dans la semaine, j’ai appelé à suspendre la participation d’Israël à l’Union Internationale des Architectes qui se tenait en Afrique du Sud.

J’ai appelé les soeurs et frères israéliens présents à la conférence à se dissocier activement, ainsi que leur profession, de la conception et de la construction d’infrastructures visant à perpétuer l’injustice, notamment à travers le mur de séparation, les terminaux de sécurité, les points de contrôle et la construction de colonies construites en territoire palestinien occupé.

« Je vous implore de ramener ce message chez vous : s’il vous plaît, inversez le cours de la violence et de la haine en vous joignant au mouvement non violent pour la justice pour tous les habitants de la région », leur ai-je dit.

Au cours des dernières semaines, plus de 1,7 million de personnes à travers le monde ont adhéré au mouvement en rejoignant une campagne d’Avaaz demandant aux compagnies tirant profit de l’occupation israélienne et/ou impliquées dans les mauvais traitements et la répression des Palestiniens de se retirer. La campagne vise spécifiquement le fonds de pension des Pays-Bas ABP, la Barclays Bank, le fournisseur de systèmes de sécurité G4S, les activités de transport de la firme française Véolia, la compagnie d’ordinateurs Hewlett-Packard et le fournisseur de bulldozers Caterpillar.

Le mois dernier, 17 gouvernements européens ont appelé leurs citoyens à ne plus entretenir de relations commerciales ni investir dans les colonies israéliennes illégales.

Récemment, on a pu voir le fond de pension néerlandais PGGM retirer des dizaines de millions d’euros des banques israéliennes, la fondation Bill et Melinda Gates désinvestir de G4S, et l’église presbytérienne américaine se défaire d’un investissement d’environ 21 millions de dollars dans les entreprises HP, Motorola Solutions et Caterpillar.

C’est un mouvement qui prend de l’ampleur.

La violence engendre la violence et la haine, qui à son tour ne fait qu’engendrer plus de violence et de haine.

Rabbins pour la Palestine New York

Rabbins pour la Palestine New York

Nous, Sud-Africains, connaissons la violence et la haine. Nous savons ce que cela signifie d’être les oubliés du monde, quand personne ne veut comprendre ou même écouter ce que nous exprimons. Cela fait partie de nos racines et de notre vécu.

Mais nous savons aussi ce que le dialogue entre nos dirigeants a permis, quand des organisations qu’on accusait de « terroristes » furent à nouveau autorisées, et que leurs meneurs, parmi lesquels Nelson Mandela, furent libérés de prison ou de l’exil.

Nous savons que lorsque nos dirigeants ont commencé à se parler, la logique de violence qui avait brisé notre société s’est dissipée pour ensuite disparaître. Les actes terroristes qui se produisirent après le début ces échanges – comme des attaques sur une église et un bar – furent condamnés par tous, et ceux qui en étaient à l’origine ne trouvèrent plus aucun soutien lorsque les urnes parlèrent.

L’euphorie qui suivit ce premier vote commun ne fut pas confinée aux seuls Sud-Africains de couleur noire. Notre solution pacifique était merveilleuse parce qu’elle nous incluait tous. Et lorsqu’ensuite, nous avons produit une constitution si tolérante, charitable et ouverte que Dieu en aurait été fier, nous nous sommes tous sentis libérés.

Bien sûr, le fait d’avoir eu des dirigeants extraordinaires nous a aidés.

Mais ce qui au final a poussé ces dirigeants à se réunir autour de la table des négociations a été la panoplie de moyens efficaces et non-violents qui avaient été mis en oeuvre pour isoler l’Afrique du Sud sur les plans économique, académique, culturel et psychologique.

A un moment charnière, le gouvernement de l’époque avait fini par réaliser que préserver l’apartheid coûtait plus qu’il ne rapportait.

L’embargo sur le commerce infligé dans les années 80 à l’Afrique du Sud par des multinationales engagées fut un facteur clé de la chute, sans effusion de sang, du régime d’apartheid. Ces entreprises avaient compris qu’en soutenant l’économie sud-africaine, elles contribuaient au maintien d’un statu quo injuste.

Ceux qui continuent de faire affaire avec Israël, et qui contribuent ainsi à nourrir un sentiment de « normalité » à la société israélienne, rendent un mauvais service aux peuples d’Israël et de la Palestine. Ils contribuent au maintien d’un statu quo profondément injuste.

Ceux qui contribuent à l’isolement temporaire d’Israël disent que les Israéliens et les Palestiniens ont tous autant droit à la dignité et à la paix.

A terme, les évènements qui se sont déroulés à Gaza ce dernier mois sont un test pour ceux qui croient en la valeur humaine.

Il devient de plus en plus clair que les politiciens et les diplomates sont incapables de trouver des réponses, et que la responsabilité de négocier une solution durable à la crise en Terre Sainte repose sur la société civile et sur les peuples d’Israël et de Palestine eux-mêmes.

Outre la dévastation récente de Gaza, des personnes honnêtes venant du monde entier – notamment en Israël – sont profondément perturbées par les violations quotidiennes de la dignité humaine et de la liberté de mouvements auxquelles les Palestiniens sont soumis aux postes de contrôle et aux barrages routiers. De plus, les politiques israëliennes d’occupation illégale et la construction d’implantations en zones tampons sur le territoire occupé aggravent la difficulté de parvenir à un accord qui soit acceptable pour tous dans le futur.

L’Etat d’Israël agit comme s’il n’y avait pas de lendemain. Ses habitants ne connaîtront pas l’existence calme et sécuritaire à laquelle ils aspirent, et à laquelle ils ont droit, tant que leurs dirigeants perpétueront les conditions qui font perdurer le conflit.

J’ai condamné ceux qui en Palestine sont responsables de tirs de missiles et de roquettes sur Israël. Ils attisent les flammes de la haine. Je suis opposé à toute forme de violence.

Mais soyons clairs, le peuple de Palestine a tous les droits de lutter pour sa dignité et sa liberté. Cette lutte est soutenue par beaucoup de gens dans le monde entier.

Nul problème créé par l’homme n’est sans issue lorsque les humains mettent en commun leurs efforts sincères pour le résoudre. Aucune paix n’est impossible lorsque les gens sont déterminés à l’atteindre.

La paix nécessite que le peuple d’Israël et le peuple de Palestine reconnaissent l’être humain qui est en eux et se reconnaissent les uns les autres afin de comprendre leur interdépendance.

Les missiles, les bombes et les invectives brutales ne sont pas la solution. Il n’y a pas de solution militaire.

La solution viendra plus probablement des outils non violents que nous avons développés en Afrique du Sud dans les années 80 afin de persuader le gouvernement sud africain de la nécessité de changer sa politique.

La raison pour laquelle ces outils – boycott, sanctions et retraits des investissements – se sont finalement avérés efficaces, est qu’ils bénéficiaient d’une masse critique de soutien, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Le même type de soutien envers la Palestine dont nous avons été témoins de par le monde durant ces dernières semaines.

Mon plaidoyer envers le peuple d’Israël est de voir au-delà du moment, de voir au-delà de la colère d’être perpétuellement assiégé, de concevoir un monde dans lequel Israël et la Palestine coexistent – un monde dans lequel règnent la dignité et le respect mutuels.

Cela demande un changement de paradigme. Un changement qui reconnaisse qu’une tentative de maintenir le statu-quo revient à condamner les générations suivantes à la violence et l’insécuruté. Un changement qui arrête de considérer une critique légitime de la politique de l’Etat comme une attaque contre le judaisme. Un changement qui commence à l’intérieur et se propage à travers les communautés, les nations et les régions- à la diaspora qui s’étend à travers le monde que nous partageons. Le seul monde que nous partageons !

Quand les gens s’unissent pour accomplir une cause juste, ils sont invincibles. Dieu n’interfère pas dans les affaires humaines, dans l’espoir que la résolution de nos différends nous fera grandir et apprendre par nous-mêmes. Mais Dieu ne dort pas. Les textes sacrés juifs nous disent que Dieu est du côté du faible, du pauvre, de la veuve, de l’orphelin, de l’étranger qui a permis à des esclaves d’entamer leur exode vers une Terre Promise. C’est le prophète Amos qui a dit que nous devrions laisser la justice couler telle une rivière.

À la fin, le bien triomphera. Chercher à libérer le peuple de Palestine des humiliations et des persécutions que lui inflige la politique d’Israël est une cause noble et juste. C’est une cause que le peuple d’Israël se doit de soutenir.

Nelson Mandela a dit que les Sud Africains ne se sentiraient pas complètement libres tant que les Palestiniens ne seraient pas libres.

Il aurait pu ajouter que la libération de la Palestine serait également la libération d’Israël.

Les animateurs des centres de loisirs sont-ils sous-payés? (La Voix du Nord 19/08/2014)

Les animateurs des centres de loisirs sont-ils sous-payés?

Publié dans La Voix du Nord le 19/08/2014 par CHARLES-OLIVIER BOURGEOT

Plusieurs animateurs d’accueils de loisirs à Roubaix ont manifesté leur mécontentement au mois de juillet. En cause : leur faible rémunération que le contrat d’engagement éducatif rend possible. Pour l’UFCV, l’association qui les emploie, ces salaires sont d’abord liés à la participation financière de la Ville.


En changeant d’employeur, des animateurs du centre de loisirs 3/5 ans des Trois-Ponts ont vu leur salaire se réduire.

 

On en parlait en juin, ça s’est confirmé en juillet. Les salaires des anciens animateurs de l’accueil de loisirs 3/5 ans aux Trois-Ponts ont plongé. Employés par le CCAS jusqu’à l’incendie qui a contraint le centre social à la fermeture en avril, ils ont signé un contrat d’engagement éducatif (CEE) avec l’UFCV, une association à qui la Ville a confié la gestion de plusieurs centres pour les plus petits.

Réalisé en urgence, ce transfert a mis en exergue le gouffre qui existe entre le salaire d’un vacataire de la fonction publique et celui de l’employé d’une association sous CEE. Concrètement, un animateur du centre social, qui gagnait 10 euros de l’heure auparavant, est passé à un forfait journalier de 50 euros. Le temps de travail, lui, n’a pas évolué, la mission non plus. À savoir que l’animateur travaille de 8 à 10 heures, selon les jours. Il suffit d’un calcul rapide pour comprendre que ces employés perdent de 40 à 50 euros par jour de travail. « Au final, nous aurons pour un mois de travail seulement 650 euros (soit 13 jours de travail effectif) », ont-ils fait savoir dans un tract distribué en juillet aux parents dont les enfants fréquentent le centre de l’école Ronsard. « On aime travailler pour les enfants mais il y a quand même une limite. Là, c’est de l’exploitation », déchante une animatrice qui n’a pas souhaité signer un nouveau contrat alors que l’UFCV vient de renouveler son marché avec la Ville.

Des salaires en baisse

En juillet, la protestation a gagné d’autres centres aérés gérés par cette association. Notamment à l’école Legouvé où des animateurs ont vu leur rémunération journalière passer de 56 à 50 euros pour les titulaires du BAFA et de 43 à 40euros pour les stagiaires. Là aussi, leur journée peut commencer avant 8 h et se terminer après 18 h. Autant dire qu’on est très loin du SMIC horaire (9,53 euros). Et même de la rémunération d’animateurs d’autres communes de la métropole. Une animatrice de Legouvé a découvert lors d’un reportage télévisé que leur salaire pouvait atteindre 70 euros par jour pour une mission identique. Elle s’en est émue auprès de parents. « Le problème, c’est qu’avec ces salaires qui baissent, on va avoir de plus en plus de difficultés à recruter des animateurs motivés à Roubaix », s’inquiète une responsable de centre aéré.

Le Racisme des intellectuels, par Alain Badiou

Nous reproduisons ci dessous l’article publié par le Monde le 5 mai 2012, il est d’actualité :

L’importance du vote pour Marine Le Pen accable et surprend. On cherche des explications. Le personnel politique y va de sa sociologie portative : la France des gens d’en bas, des provinciaux égarés, des ouvriers, des sous-éduqués, effrayée par la mondialisation, le recul du pouvoir d’achat, la déstructuration des territoires, la présence à leurs portes d’étranges étrangers, veut se replier sur le nationalisme et la xénophobie.

C’est déjà du reste cette France « retardataire » qu’on accusait d’avoir voté non au référendum sur le projet de Constitution européenne.popu On l’opposait aux classes moyennes urbaines éduquées et modernes, qui font tout le sel social de notre démocratie bien tempérée.

Disons que cette France d’en bas est quand même, en la circonstance, le baudet de la fable, le pelé et le galeux « populiste » d’où nous vient tout le mal lepéniste. Etrange, au demeurant, cette hargne politico-médiatique contre le « populisme ». Le pouvoir démocratique, dont nous sommes si fiers, serait-il allergique à ce qu’on se soucie du peuple ? C’est l’avis dudit peuple, en tout cas, et de plus en plus. A la question « les responsables politiques se préoccupent-ils de ce que pensent les gens comme vous ? », la réponse entièrement négative « pas du tout » est passée de 15 % de l’ensemble en 1978 à 42 % en 2010 ! Quant au total des réponses positives (« beaucoup » ou « assez »), il est passé de 35 % à 17 % (on se reportera, pour cette indication statistique et d’autres d’un très grand intérêt, au numéro hors série de la revue La Pensée titré « Le peuple, la crise et la politique » et réalisé par Guy Michelat et Michel Simon). La relation entre le peuple et l’Etat n’est pas faite de confiance, c’est le moins qu’on puisse dire.

Faut-il conclure que notre Etat n’a pas le peuple qu’il mérite, et que le sombre vote lepéniste atteste cette insuffisance populaire ? Il faudrait alors, pour renforcer la démocratie, changer le peuple, comme le proposait ironiquement Brecht…

Ma thèse est plutôt que deux autres grands coupables doivent être mis en avant : les responsables successifs du pouvoir d’Etat, de gauche comme de droite, et un ensemble non négligeable d’intellectuels.

mauroyEn définitive, ce ne sont pas les pauvres de nos provinces qui ont décidé de limiter autant que faire se peut le droit élémentaire d’un ouvrier de ce pays, quelle que soit sa nationalité d’origine, de vivre ici avec sa femme et ses enfants. C’est une ministre socialiste, et tous ceux de droite ensuite qui se sont engouffrés dans la brèche. Ce n’est pas une campagnarde sous-éduquée qui a proclamé en 1983, que les grévistes de Renault – en effet majoritairement algériens ou marocains – étaient des « travailleurs immigrés (…)agités par des groupes religieux et politiques qui se déterminent en fonction de critères ayant peu à voir avec les réalités sociales françaises« .

C’est un premier ministre socialiste, bien entendu à la grande joie de ses « ennemis » de la droite. Qui a eu la bonne idée de déclarer que Le Pen posait les vrais problèmes ? Un militant alsacien du Front national ? Non, c’est un premier ministre de François Mitterrand. Ce ne sont pas des sous-développés de l’intérieur qui ont créé les centres de rétention pour y emprisonner, hors de tout droit réel, ceux qu’on privait par ailleurs de la possibilité d’acquérir les papiers légaux de leur présence.

Ce ne sont pas non plus des banlieusards excédés qui ont ordonné, partout dans le monde, qu’on ne délivre aux gens des visas pour la France qu’au compte-gouttes, pendant qu’on fixait ici même des quotas d’expulsions que devait à tout prix réaliser la police. La succession des lois restrictives, attaquant, sous prétexte d’étrangeté, la liberté et l’égalité de millions de gens qui vivent et travaillent ici, n’est pas l’oeuvre de « populistes » déchaînés.

A la manoeuvre de ces forfaits légaux, on trouve l’Etat, tout simplement. On trouve tous les gouvernements successifs, dès François Mitterrand, pasquaet sans répit par la suite. En la matière, et ce ne sont que deux exemples, le socialiste Lionel Jospin a fait savoir dès son arrivée au pouvoir qu’il n’était pas question d’abolir les lois xénophobes de Charles Pasqua ; le socialiste François Hollande fait savoir qu’on ne décidera pas les régularisations de sans-papiers autrement sous sa présidence que sous celle de Nicolas Sarkozy. La continuité dans cette direction ne fait aucun doute. C’est cet encouragement obstiné de l’Etat dans la vilenie qui façonne l’opinion réactive et racialiste, et non l’inverse.

Je ne crois pas être suspect d’ignorer que Nicolas Sarkozy et sa clique ont été constamment sur la brèche du racisme culturel, levant haut le drapeau de la « supériorité » de notre chère civilisation occidentale et faisant voter une interminable succession de lois discriminatoires dont la scélératesse nous consterne.

Mais enfin, nous ne voyons pas que la gauche se soit levée pour s’y opposer avec la force que demandait un pareil acharnement réactionnaire. Elle a même bien souvent fait savoir qu’elle « comprenait » cette demande de « sécurité », et a voté sans état d’âme des décisions persécutoires flagrantes, comme celles qui visent à expulser de l’espace public telle ou telle femme sous le prétexte qu’elle se couvre les cheveux ou enveloppe son corps.

sans papSes candidats annoncent partout qu’ils mèneront une lutte sans merci, non tant contre les prévarications capitalistes et la dictature des budgets ascétiques que contre les ouvriers sans papiers et les mineurs récidivistes, surtout s’ils sont noirs ou arabes. Dans ce domaine, droite et gauche confondues ont piétiné tout principe. Ce fut et c’est, pour ceux qu’on prive de papiers, non l’Etat de droit, mais l’Etat d’exception, l’Etat de non-droit. Ce sont eux qui sont en état d’insécurité, et non les nationaux nantis. S’il fallait, ce qu’à Dieu ne plaise, se résigner à expulser des gens, il serait préférable qu’on choisisse nos gouvernants plutôt que les très respectables ouvriers marocains ou maliens.

Et derrière tout cela, de longue date, depuis plus de vingt ans, qui trouve-t-on ? Qui sont les glorieux inventeurs du « péril islamique », en passe selon eux de désintégrer notre belle société occidentale et française ? Sinon des intellectuels, qui consacrent à cette tâche infâme des éditoriaux enflammés, des livres retors, des « enquêtes sociologiques » truquées ? Est-ce un groupe de retraités provinciaux et d’ouvriers des petites villes désindustrialisées qui a monté patiemment toute cette affaire du « conflit des civilisations », de la défense du « pacte républicain », des menaces sur notre magnifique « laïcité », du « féminisme » outragé par la vie quotidienne des dames arabes ?

N’est-il pas fâcheux qu’on cherche des responsables uniquement du côté de la droite extrême – qui en effet tire les marrons du feu – sans jamais mettre à nu la responsabilité écrasante de ceux, bien souvent – disaient-ils – « de gauche », et plus souvent professeurs de « philosophie » que caissières de supermarché, qui ont passionnément soutenu que les Arabes et les Noirs, notamment les jeunes, corrompaient notre système éducatif, pervertissaient nos banlieues, offensaient nos libertés et outrageaient nos femmes ? Ou qu’ils étaient « trop nombreux » dans nos équipes de foot ? Exactement comme on disait naguère des juifs et des « métèques » que par eux la France éternelle était menacée de mort.

Il y a eu, certes, l’apparition de groupuscules fascistes se réclamant de l’islam. Mais il y a tout aussi bien eu des mouvements fascistes se réclamant de l’Occident et du Christ-roi. Cela n’empêche aucun intellectuel islamophobe de vanter à tout bout de champ notre supérieure identité « occidentale » et de parvenir à loger nos admirables « racines chrétiennes » dans le culte d’une laïcité dont Marine Le Pen, devenue une des plus acharnées pratiquantes de ce culte, révèle enfin de quel bois politique il se chauffe.

En vérité, ce sont des intellectuels qui ont inventé la violence antipopulaire, singulièrement dirigée contre les jeunes des grandes villes, qui est le vrai secret de l’islamophobie. Et ce sont les gouvernements, incapables de bâtir une société de paix civile et de justice, qui ont livré les étrangers, et d’abord les ouvriers arabes et leurs familles, en pâture à des clientèles électorales désorientées et craintives. Comme toujours, l’idée, fût-elle criminelle, précède le pouvoir, qui à son tour façonne l’opinion dont il a besoin. L’intellectuel, fût-il déplorable, précède le ministre, qui construit ses suiveurs.

Le livre, fût-il à jeter, vient avant l’image propagandiste, laquelle égare au lieu d’instruire. Et trente ans de patients efforts dans l’écriture, l’invective et la compétition électorale sans idée trouvent leur sinistre récompense dans les consciences fatiguées comme dans le vote moutonnier.

Honte aux gouvernements successifs, qui ont tous rivalisé sur les thèmes conjoints de la sécurité et du « problème immigré », pour que ne soit pas trop visible qu’ils servaient avant tout les intérêts de l’oligarchie économique ! Honte aux intellectuels du néo-racialisme et du nationalisme bouché, qui ont patiemment recouvert le vide laissé dans le peuple par la provisoire éclipse de l’hypothèse communiste d’un manteau d’inepties sur le péril islamique et la ruine de nos « valeurs » !

Ce sont eux qui doivent aujourd’hui rendre des comptes sur l’ascension d’un fascisme rampant dont ils ont encouragé sans relâche le développement mental.