Archives quotidiennes : 3 décembre 2013

Raphaël Correa, Président équatorien : L’Europe endettée reproduit nos erreurs »

Le 6 novembre 2013, dans un scandaleux silence médiatique, le Président de la République Équatorienne, Raphaël Correa, donnait une conférence à la Sorbonne (cliquez ici pour visionner la conférence) .

Après avoir rendu un vibrant hommage aux penseurs des lumières, le Président Equatorien entame sa conférence, dans un français impeccable, par ces mots :

Nous Latinos-Américains, sommes experts en crises. Non parce que nous serions plus intelligents que les autres, mais parce que nous les avons toutes subies. Et nous les avons terriblement mal gérées, car nous n’avions qu’une seule priorité : défendre les intérêts du capital,
 quitte a plonger la région dans une longue crise de la dette.

Aujourd’hui nous observons avec préoccupation l’Europe prendre à son tour le même chemin….

Pour connaître la suite, extrêmement instructive, pédagogique et pleine d’espoir,  visionnez la conférence, en cliquant sur le lien ci dessus, ou achetez le numéro de décembre du Monde Diplomatique qui en publie un condensé, signé par Raphaël Correa, lui même!

Cela change des auto-proclamés experts économiques télévisés ….

La Redoute : un conseiller général tape du point sur la table !

Groupe Communiste – Front de Gauche       
Intervention de Michel LEFEBVRE              
Question d’Actualité sur la  Redoute       
       
Le journal «Liberté-­‐Hebdo » titrait la semaine dernière : «Pinault s’enrichit et licencie». On pourrait même dire que Pinault licencie pour s’enrichir toujours plus !
Une fortune de 11 milliards contre 700 emplois.       
       
Voilà un digne représentant d’une caste où l’on aime prôner les sacrifices pour les autres.      
Prenons le temps de peser ces chiffres, et de leur donner chair humaine :  L’argent va à l’argent, et la misère va aux  salariés.       
       
Les faits parlent d’eux même :              
Le groupe Pinault  liquide 700 emplois, soit 700 salaires qui font vivre autant de familles, des pères, des mères, des enfants… En prenant en compte les emplois indirects concernés  par  cette annonce, ce seraient plusieurs milliers de salariés qui pourraient ainsi se retrouver sans travail.       
Au passage, 700 salaires qui sur un an, représentent pour ce monsieur l’équivalent de deux tableaux achetés à Mondrian ou à Murakami.       
       
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Est-­‐il possible d’accepter cette décision alors même qu’il est de notoriété publique que François Pinault fait        partie        des        «       visiteurs du soir» du Président de la République qui, à ce titre, le reçoit régulièrement à l’Elysée ?
Parmi les acheteurs pressentis pour La Redoute, 1ere plateforme de vente à distance en Europe, il y a par exemple le fonds de pension anglais OPCATIPA, celui là même qui avait acheté une enseigne du groupe DARTY, avant de la liquider en 2012.             
Cela annonce clairement le démantèlement programmé de la filière de la vente par correspondance dans notre région.       
       
Certains, ici et ailleurs, peuvent déplorer les choix de Pinault, ou regretter les prétendues erreurs de gestion du groupe. Cela rassure à trop bon compte sur le fait que le politique a son mot à dire.              
       
Toutes celles et ceux qui font preuve de naïveté,  celles et ceux qui semblent découvrir le vrai visage du grand patronat en général et celui du milliardaire en particulier, sèment le doute sur les véritables intentions et les pratiques de ces prédateurs.       
       
Face à leurs comportements, oui, l’Etat a plus que son mot à dire : quand des groupes comme Kering bénéficient de dispositifs tels que le crédit d’impôt compétitivité emploi, d’allègement des cotisations sociales de leurs salariés payés au SMIC, d’aides publiques des collectivités pour l’investissement, les pouvoirs publics sont en droit d’attendre la création d’emploi et le développement de l’appareil productif.       
       
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Il faut désormais taper du poing sur la table, mener une véritable politique de gauche, et ne plus supporter des pratiques où la puissance publique est considérée comme une vache à lait.      
Avec près de 65 milliards d’euros annuels consacrés aux aides publiques aux entreprises, 30 milliards d’allègements de charges et plus  de 100 milliards d’euros de niches fiscales pour les sociétés, il est grand temps que l’Etat et les Collectivités se fassent entendre et respecter des grands groupes.       
Voyons le fond des  choses :  à  La Redoute comme ailleurs, cette casse sociale est organisée, raisonnée ; elle applique la logique financière à l’œuvre.              
       
Elle est la conséquence des choix européens du capitalisme financier.       
       
Le constat des dégâts ne suffit pas, il faut agir pour contrer cette logique mortifère !       
       
À  » l’argent d’abord », il faut substituer « l’humain d’abord ».              
       
Et que l’on ne nous réponde pas par les prétendues contraintes économiques.              
       
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L’économie est elle une science dure dont les seuls acteurs sont les  marchés spéculatifs,  les coûts et les profits ? Ou l’étude de la façon dont les hommes et les femmes vivent et produisent du bonheur collectif et personnel ?       
       
L’économie a-­‐t-­‐elle vocation à se soucier, de manière obsessionnelle, de servir les actionnaires,  tout en demandant continuellement de nouveaux sacrifices aux salariés ?       
       
Prendre nos responsabilités au service des gens, c’est dénoncer cette logique absurde, c’est imposer les ruptures nécessaires.              
       
C’est de cette rupture que notre région à besoin,  de rupture et non pas d’un discours sur la « troisième révolution industrielle » promise (dois je dire vendue ?) par Jérémy Rifkin.       
       

Il faut renoncer à un aménagement inopérant des politiques néolibérales, savoir dire non, cela suffit. Soutenir la lutte des salariés, refuser les licenciements…   Voilà l’honneur du politique, voilà le chemin d’une confiance à reconstruire avec les  gens.       
C’est encore l’éditorialiste du  journal  « Liberté-­‐Hebdo » qui écrivait :  « La fortune de Pinault, ou les salariés de La Redoute, il faut choisir »       
       
Nous vous appelons à faire ce choix.       
       
En dix ans, le seul secteur industriel  du  Nord-­‐Pas-­‐de-­‐Calais a perdu près de 70 000 emplois.       
En cette période la seule question qui vaille d’être débattue est celle du rassemblement des forces vives pour imposer l’idée que l’égalité ne s’arrête pas à la porte des entreprises et que chacun de nos concitoyens a le droit à des conditions de vie dignes.              
   
N’est ce pas ?       
       
Je reprendrais, en guise de conclusion, les propos tenus par Rafael Correa, Président de l’Equateur, ce  jeudi en conférence à La Sorbonne.  Je le cite :  « La solution passe par la  suprématie de l’Etre sur le Capital, et de la Société sur le Marché.  »