« Les casseurs ne sont pas des supporters algériens mais des agents du FN » par HK

BILLET D’HUMEUR :

À qui profite le crime ?

 

 Copie intégrale du texte publié par HK sur son blog  (cliquez ici pour un accès direct) 

Je viens juste de vivre une semaine fabuleuse !!!

Tout d’abord en tant que musicien saltimbanque : quatre concerts, en Algérie et en France, avec pour compagnons de route mes accolytes d’ HK et les déserteurs, d’HK et les saltimbanks, et même du M.A.P ( Ministère des Affaires Populaires ). Trois groupes, trois histoires musicales et humaines que je continue à co-écrire chaque jour, à chaque concert, chaque chanson, chaque voyage, chaque moment vécu ensemble sur scène ou sur la route, partagé avec dix, cent, mille personnes ou plus. coach vahid

Cette semaine, nous avons d’abord joué avec les déserteurs à Oran, dans ce magnifique théâtre « Maghreb » puis à Alger dans les jardins de l’institut français, juste avant la retransmission sur grand écran du match Algérie-Russie ; ensuite nous sommes rentrés en France direction le grand ouest pour deux concerts avec les Saltimbanks et M.A.P à Saint-Nolff(56) puis Thouars dans les Deux-Sèvres.

Le moment fort de cette semaine restera sans aucun doute ce combo « concert – match » à Alger jeudi dernier, dans les jardins de l’nstitut français transformés pour le coup en mini-stade de football, remplis d’un millier de personnes : hommes, femmes, enfants, tous habillés, maquillés de vert, de rouge et de blanc, supportant l’équipe d’Algérie, les « verts », les fennecs, comme on les appelle. Dans cette foule : des algérien(ne)s en grande majorité, des français(e)s aussi, des franco-algérien(ne)s ou algérianno-français(e)s dont moi, des français arabophones, des algériens francophiles…

france algérieEt, au coup de sifflet final… il fallait voir, il fallait entendre, sentir, toucher, vivre cette liesse collective, dans ce mini-stade et au-delà dans les rues d’Alger, dans les avenues, sur la corniche, sur le port, devant la grande poste, dans le ciel ces milliers de feu d’artifice… C’était, très certainement totalement disproportionné pour un simple matchs de football, mais que voulez-vous les gens étaient heureux : ils se serraient dans les bras, ils sautaient, ils chantaient,  et nous on en était bien sûr, dans cette joyeuse hystérie collective. Je ne devrais pas, mais je me sens malheureusement obligé de souligner que durant toute cette soirée de fête, que nous avons vécu pleinement, jusqu’au bout de la nuit, nous n’avons assisté, ni de près, ni de loin, à aucune échaufourée, aucune tension, aucune dégradation…

Au détour d’une discussion pendant le match, dans les jardins de l’institut français, je disais à un de mes voisins : « j’espère juste que si les fennecs gagnent, il n’y aura pas de débordements ». Du tac au tac, le gars, vexé, m’a répondu:

– pourquoi dis tu ça ? il n’y a jamais de débordements ! 

– Euh… si. En France, quand l’équipe d’Algérie joue et qu’elle gagne, il y en a malheureusement

– En France peut-être, mais pas ici !

Sur le coup, je n’ai pas répondu, continuant à regarder le match. Une petite minute après, il reprenait : « ceux qui cassent en France, on sait tous que ce ne sont pas des supporters algériens ! Et ce ne sont pas des algériens tout court !!! Tu crois que quelqu’un qui est heureux, qui vient de gagner, a envie de casser quoi que ce soit !? ce sont les gens du Front National qui font ça, comme ça on accuse les Algériens, on dit que ce sont des sauvages et tout ça… ça fait peur aux gens, et ça ramène des voix à Lepen ! « .

Je n’ai pu qu’acquiescer. C’est vrai, quoi qu’on en dise, ces casseurs travaillent pour le Front National ! En ces temps de crise, il faut bien avouer que le Front National recrute à tour de bras : casseur donc, mais aussi journalistes, éditoiralistes, patrons de chaîne de TV, patrons de presse nationale, quotidienne, hebdomadaire… Avec pour seule misssion, faire les gros titres, en premier page, tous les jours, sur le danger immigrationniste arabo-musulman. Le moins que l’on puisse dire c’est l’armée de propagande lepeno-zemmourienne comme de nombreux et fidèles soldats dévoués à la cause, des gens influents et zèlés.

D’ailleurs, suite à ces « débordements (bientôt vous verrez on parlera « d’émeutes »), Marine Lepen entre en scène déclarant « l’Algérie est le seul pays posant problème, qu’il gagne ou qu’il perde », avant d’inviter les auteurs de ces violences qui «n’aiment pas la France» à «choisir la nationalité algérienne» et à «s’installer en Algérie puisqu’ils ont acquis leur indépendance».

Donc, plus besoin d’enquête, plus besoin de policiers pour arrêter les coupables et eux-seuls; plus besoin de rechercher pour connaître leurs motivations; plus besoin de justice ( pourquoi faire ? ), la sentence de droit divin est tombé par la reine Marine. Une sentence en trois actes :

1- Les responsables sont donc des algériens

2- Les algériens n’aiment pas la France

3- Ils n’ont de toute façon rien à faire en France puisqu’ils ont acquis leur indépendance ( sous-texte : « après NOUS avoir déclaré la guerre » )

avec trois autres actes, à peine sous-entendus :

1 bis- Renvoyons les algériens chez eux

2 bis- Et que ça saute

3 bis- Ben alors, que font-ils encore là ? 

Au fond de moi, j’aurais presqu’envie d’en rire, sauf que cette petite musique est la seule que l’on entend. La seule que tous nos programmateurs télé et radio deignent passer… en boucle. Et donc, pour tout le monde, les thèses de Marine, de Zemmour et Consorts sont devenues de véritbales « paroles d’évangile ».

Eh bien, puisque le droit et la raison ne semblent plus avoir leur place dans notre société, puisque les seules choses qui comptent, ce sont les grandes déclarations sur fond de roulements de tambour, voici la mienne ( je sais bien que contrairement à Marine, elle ne me vaudra jamais d’être invité au JT de TF1, ni aucun intervew exclusif dans Valeurs Actuelles, Marianne ou Le Point, ni même une toute petite ligne dans le Figaro ou l’Express… mais bon, je me lance quand même) :

« La prochaine fois qu’ on me dira qu’il y a eu des débordements en marge de célébrations relatifs à une victoire d’une équipe d’Algérie, je considérerais, jusqu’à preuve du contraire, que ces débordements sont du fait de militants d’extrême droite qui sont, de toute évidence selon moi, les seules et uniques personnes à qui peut profiter ce climat de tension, de peur, de déifance, et de rancoeurs perpetuelles ». 

Et je continuerai, quoiqu’il en soit à suivre cette coupe du monde en supportant mes équipes, en premier lieu celles d’Algérie, de France et de Belgique. En supportant en fait surtout une certaine idée du football : on s’affronte sur le terrain, on se fait pas de cadeaux en restant dans les règles et dans l’esprit, on se repsecte, que le meilleur gagne, et au coup de sifflet final, on se sert la paluche.

Ce n’est qu’un jeu !

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